Comme vous le savez, la maquette des Carddass Dragon Ball est inspirée des jeux vidéo de rôle (RPG). Le premier Dragon Quest étant sorti en 1986 et le premier Final Fantasy en 1987, pour les Carddass Dragon Ball, sorties à partir de 1988, Bandai s’est inspiré de ce genre de jeux vidéo, pour deux raisons principales :
- Ce genre commençait à avoir un fort succès commercial. En éditant des cartes qui rappellent ces jeux, il y avait de fortes chances qu’elles intéressent les joueurs.
- Quel autre genre vidéoludique peut mieux correspondre à Dragon Ball que le RPG ? N’oublions pas que même si les combats prennent de plus en plus de poids à l’époque de la sortie des premières Carddass (le manga en est alors au vingt-troisième Tenkaichi Budokai), Dragon Ball a à l’époque surtout une image de manga d’aventure et d’apprentissage. Ce qui est totalement RPG-compatible ! Son Gokū explore une map, combat des ennemis de plus en plus forts, gagne de l’XP, apprend de nouvelles techniques, obtient de nouveaux objets et son équipe se renforce petit à petit. Et l’univers du manga correspond parfaitement aux jeux vidéo de rôle, entre les légendes chinoises, les personnages (amis et ennemis) aux styles uniques et le côté technologique apporté par Bulma et sa famille.
C’est ainsi que, dès la première part, sortie en novembre 1988, les cartes se voient dotées de deux chiffres, un chiffre d’attaque et un chiffre de défense. C’est assez limité, mais la cible initiale était les enfants et les cartes vont petit à petit se complexifier (très, très légèrement).
Bon, et dans tout ça, quelle est l’inspiration dont parle le titre de l’article ?
On y arrive !
Alors, vous voyez où je veux en venir ? Et oui ! Dans le jeu Dragon Ball: Daimaō fukkatsu sorti en août 1988 sur Famicom, soit trois mois avant les Carddass, les combats se font avec des cartes. Cartes qui ressemblent à… oui, oui, au dos des Carddass ! Alors Ok, la première part n’a pas la Dragon Ball et l’autre boule avec le caractère japonais n’est présente ni au dos de la part 1, ni sur celui de la part 2, mais tout de même, c’est assez troublant. La couleur doré/marron, la bordure, le fond avec les angles droits… et le symbole, au cœur de la carte, à l’intérieur d’un carré ! Si c’est une coïncidence, elle est très troublante…
Mais quand même, ce n’est pas vraiment identique, les deux boules, centrées au-dessus et en-dessous du carré central, qui ne sont pas présentes sur les dos de la première part et dont seule la Dragon Ball apparaît sur la deuxième…
Et bien, regardez le jeu suivant !
En octobre 1989, sort le jeu Dragon Ball 3: Gokū Den sur Famicom. Disponible entre les parts 2 et 3 des Carddass Dragon Ball (sorties respectivement en juillet et novembre 1989), il présente toujours le même système de cartes. Si là, les couleurs vont vers le bleu et le mauve, il y a une autre différence avec le jeu précédent : les deux boules ne sont plus centrées, elles se retrouvent dans un coin de la carte. Comme… oui, oui, comme sur les dos des Carddass à partir de la part 3 ! Au dos des Carddass, la Dragon Ball se trouve également en haut et la boule avec le caractère japonais est également en bas, mais il y a une légère différence : la Dragon Ball est dans l’angle haut droit et l’autre boule se trouve, quant à elle, à gauche. Mais tout de même… n’est-ce pas troublant ?
De plus, vous noterez que les symboles au centre des dos sont exactement les mêmes que ceux que l’on trouve dans les jeux.
Et pour rendre les choses plus faciles (non), Bandai sort en 1989 un filebook Carddass Dragon Ball… qui arbore le nom du troisième jeu… Bon, là, il n’y a plus de doute, ils ont clairement voulu faire un pont entre les jeux et les cartes.
Vu qu’a priori, un jeu vidéo est plus long à développer qu’une part de Carddass, il est clair que ce ne sont pas les cartes qui ont inspiré le contenu des jeux. Les Carddass sont clairement inspirées des jeux vidéo. Bandai a mis en place une stratégie de cross-média avant l’heure ! Et, à moins de trouver un jour la preuve du contraire, Bandai n’a pas continué les sorties liées entre les jeux et les cartes, chacun allant dans sa propre direction, vers des œuvres qui auront clairement marqué leur époque. Mais en y réfléchissant, cela aurait tout de même pu être sympa de continuer les liens entre ces deux médias qui ont beaucoup compté pour la licence Dragon Ball !
Par la suite, le lien entre les cartes Dragon Ball (cartes à jouer plutôt que cartes à collectionner) s’est resserré à partir des années 2000, avec d’abord le jeu Dragon Ball Z Collectible Card Game (beuuaah) sur Game Boy Advance, puis avec les sous-licences Data Carddass et Dragon Ball Heroes. Pour ce qui est des jeux vidéo de rôle, Bandai vient d’annoncer la sortie d’un action-RPG, Dragon Ball Z: Kakarot pour 2020. Comme quoi, avec Dragon Ball, tout n’est qu’un recommencement (il suffit de lire les articles de Bob sur les rééditions des Carddass et les différentes versions de la version française du manga pour s’en rendre compte !).
Article et théorie très intéressante, j’aime beaucoup ce travail d’archéologie vidéoludique ^^