Fancards, fakes, contrefaçons, non officielles. Aujourd’hui, vous l’aurez compris, nous allons nous attaquer à un sujet délicat et qui, encore, fait couler beaucoup d’encre et de pixels dans le monde des collectionneurs. Tantôt adulées, tantôt méprisées, ces cartes ne laissent pas indifférentes et nous allons tenter très modestement d’expliquer les différences (parfois subtiles), entre ces quatre appellations. Le sujet a été difficile à traiter, ayant plus ou moins participé à l’essor du phénomène notamment suite à l’achat de quelques sets contrefaits il y a quelques années. Mais il fallait bien mettre les pieds dans le plat, tant le sujet me tenait à cœur. L’article ne cherche pas à diaboliser ou non ces types de cartes et l’auteur se gardera bien de donner des leçons aux autres tant une collection est personnelle est que chacun est libre de collectionner comme il l’entend. C’est une sorte de mea culpa, d’autocritique et de remise en question sur ma manière de collectionner, qui m’a parfois fait passer éthiquement « de l’autre côté de la barrière ».
Je m’interdirai également dans cet article à parler de prix, sauf cas très exceptionnel (uniquement pour parler du contexte). Cette composante étant trop sujet à controverse et trop peu fiable. Maintenant que les bases sont posées, il est temps de s’attaquer à la première catégorie : les fakes

1. Les fakes

Quand on parle de fake, on pense souvent à des cartes brillantes japonaises, mal découpées et grossièrement réalisées. Originaires de Chine ou de Hong Kong, et apparues en masse dans les années 90, ces cartes ont inondé le marché français dans la foulée et il n’était pas rare de les retrouver dans nos magasins d’import ou sur les marchés, vendues à l’unité ou dans des petits paquets reconditionnés pour l’occasion. Elles étaient une alternative pour les petits budgets, qui trouvaient avec ces cartes le moyen d’assouvir leur passion sans trop dépenser dans les officielles, beaucoup plus chères. De plus, elles bénéficiaient d’une plus grande exposition que les cartes officielles japonaises qui n’étaient présentes que dans quelques points de vente bien spécifiques.

Les principales collections furent concernées (PP Cards, Carddass, Super Battle, Visual Adventure, Lamicard) et la qualité variait d’une carte à l’autre. Une multitude d’effet prism ont été créés, dont certains assez loufoques (exemple ci-dessous), qui leurs confèrent un charme certain.

La fake est donc une carte prisme japonaise qui reprend un visuel déjà exploité par la licence officielle (souvent regular) et qui assume ses défauts et se revendique comme telle (finition grossière, mauvaise découpe, effets prismes surprenants). On la reconnaît très facilement et bon nombre de collectionneurs en possédaient aux débuts de leur collection (l’auteur en fait partie).

2. Les non officielles

Ces cartes se différencient des autres catégories par le fait qu’elles ont eu droit à un circuit de distribution dans leur pays ou région d’origine (HK, TaÏwan…) Produites en masse principalement dans les années 90, elles ne peuvent être considérées comme officielles car les personnes les produisant ne possèdent pas les droits de la licence, souvent jugés trop chers. Elles ne reprennent pas des visuels existants, mais sont des créations originales ou retravaillées.

Les non officielles les plus connues sont bien évidemment les Super Hero de Bibi Toys, sorties à Taïwan en 1994 et distribuées en vending machine, en booster ou en white box. L’éditeur n’en est pas à son premier coup d’essai, puisqu’en 1993 sortent les Adali, inondant le marché chinois sans l’accord des ayants droit. Ces cartes reprennent des illustrations du manga original tout en distillant par-ci par-là une touche personnelle aux visuels (scènes redessinées, noms et couleurs différents de l’œuvre).

Pour l’anecdote, certaines de ces différences ne sont pas forcément voulues, comme le choix des couleurs différentes de la série animée, qui s’explique par le fait que les cartes sont sorties avant les épisodes TV et qu’ils ont dû composer en choisissant des couleurs pour des personnages non colorisés de manière officielle par Akira Toriyama (couleur de peau de Kaio Shin, Kibito, Boo, tenues de Gotenks et Gogeta…) Il en va de même pour certains noms de personnages comme le célèbre « 2 in 1 man » pour Gotenks.

On pourra également citer les Special Collection et les Best Collection, également sorties à Taïwan et qui étaient distribuées de manière assez simple dans des petits sachets de dix cartes chacun. On notera que pour vendre un peu plus de cartes, les Special Collection de la part 1 étaient disponibles avec des bordures blanches et des bordures jaunes et que les parts suivantes disposaient de plusieurs effets prismes pour un même numéro, tout comme les Best Collection. Pour ces dernières, une version Lamicard était également disponible.

Une carte non officielle est donc en résumé une carte qui provient d’un circuit de distribution non validé par les ayants droit de la licence et qui ne reprend pas un visuel déjà exploité par une collection officielle.

3. Les fancards

Le terme fancard n’est pas si vieux et remonte au milieu des années 2000, lorsque certains collectionneurs (notamment Campsss et son blog mémorable) s’amusaient à créer des cartes « virtuelles » en assemblant plusieurs éléments (décors, renders, maquettes) pour en faire une carte. Pendant longtemps cette pratique est restée dans l’imaginaire, jusqu’en 2011 quand Jeanphi85, avec l’aide de Juju93100, créèrent les Zenkai. Ils réussirent à passer du stade virtuel à quelque chose de concret, c’est-à-dire des cartes faites par des fans pour des fans (le fondement des fancards) et qui étaient distribuées sans contrepartie lors d’IRL. Internet aidant, la visibilité de ce projet prit de l’ampleur tant et si bien que son succès fit des émules dans le mode des cartes et ils constatèrent au bout de quelques mois que leur projet avait été détourné à des fins commerciales sur certains sites de ventes bien connus.

La technique de fabrication fut pendant longtemps non divulguée, de peur de retrouver une multitude de fancards sur le net, mais à partir de 2013 ou 2014 et à force d’expérimentation de la part d’autres collectionneurs, il n’était pas rare d’en trouver sur les sites d’enchères et côtoyant de façon plus dommageable les contrefaçons (nous y reviendrons).

L’auteur s’est lui-même essayé à la conception de fancards en 2012 grâce aux conseils de Jeanphi85, étant à un moment de sa collection où il ne trouvait plus énormément de cartes et voulant tout de même assouvir sa soif de nouvelles victimes. Le résultat fut très satisfaisant et il n’était pas rare qu’il offre ou qu’il reçoive, lors de concours ou d’IRL, des cartes de son cru ou venant d’autres collectionneurs partageant sa passion.

La fancards s’est banalisée aujourd’hui et bon nombre de collectionneurs s’essayent avec plus ou moins de succès à cette nouvelle tendance en essayant pour certains de garder une certaine éthique dans leurs créations. Certains s’associent pour proposer un produit très qualitatif comme avec les Kakuwaza ou les fancards de Majin8JC et d’autres travaillent en solo comme TatsuCard» ou encore Chibi Dam’Z. Certains vendent au prix de fabrication et d’autres font un bénéfice (plus ou moins important), mais l’auteur ne traitera pas le sujet ici tant il est explosif et hors de propos.

Il n’est pas rare de trouver des fancards sur des sites un peu plus exotiques (site chinois leader de la vente en ligne) et où la frontière entre fancard et contrefaçon est mince.

Pour résumer, la fancard est à la base une carte faite par un fan pour des fans. Elle s’inscrit à l’origine dans une logique de don mais s’est démocratisée comme un bien de consommation courant et très accessible sur Internet. Elle comprend des créations originales ou des visuels non exploités. Son prix varie énormément (allant d’un simple coût de fabrication à un gros bénéfice), même si depuis quelques années une tendance à une harmonisation des prix est constatée.

4. Les contrefaçons

Nous arrivons dans le dur de l’article à savoir les contrefaçons. Avant d’aller plus loin il est nécessaire de comprendre la définition du mot :
« La contrefaçon se définit comme la reproduction, l’imitation ou l’utilisation totale ou partielle d’une marque, d’un dessin, d’un brevet, d’un logiciel ou d’un droit d’auteur, sans l’autorisation de son titulaire, en affirmant ou laissant présumer que la copie est authentique. » Pour notre article, nous distinguerons deux types de contrefaçons : la contrefaçon partielle et la contrefaçon presque totale ou totale. En effet, dans les années 90, bon nombre de contrefaçons côtoyaient les fakes et il n’était pas rare que les deux catégories se mélangent. Cependant, avec un peu d’entrainement, les collectionneurs avertis arrivaient à faire la différence entre une contrefaçon et une carte officielle.

Aujourd’hui, le progrès technologique aidant, il est de plus en plus difficile de faire la différence entre ce qui est contrefait et ce qui est officiel. Une recrudescence de produits contrefaits a vu le jour depuis quelques années, notamment en provenance de certains pays asiatiques et de quelques pays européens. Nous sommes passé d’une contrefaçon partielle voire grossière à une contrefaçon quasi totale, voire totale dans certains cas. Les produits les plus contrefaits sont bien évidemment les cartes limited et les cartes très rares. Certains faussaires mettent tout de même une petite différence par-ci par-là pour garder bonne conscience, comme ici avec les contrefaçons des PP Cards limited 3000, des Carddass limited 3000 et du set Mechanko Project, qui ont un effet prism hard alors qu’il est soft en temps normal.

La conséquence de ce marché parallèle est qu’il est très facile de duper les nouveaux collectionneurs ainsi que les moins attentifs, qui pensent acheter des cartes limited à des prix défiant toute concurrence, tant et si bien qu’il est aujourd’hui très risqué d’acheter des cartes limited sur Internet vu les sommes mises en jeu.

Une contrefaçon est donc une carte reproduisant partiellement ou totalement une carte déjà produite sans l’autorisation de l’ayant droit et affirmant ou laissant croire que la copie est authentique.

Toute offre naît d’une demande. En effet, chaque catégorie listée ci-dessus trouve son public et il n’est pas rare de trouver des collectionneurs de fakes, de non officielles, de fancards et de contrefaçons, le but étant de trouver son bonheur. Chacun ira de son interprétation : pour les uns toute carte qui n’est pas officielle est une contrefaçon et pour d’autres des distinctions sont possibles. Cependant, il ne faut pas minimiser les conséquences et les effets néfastes de la vente de contrefaçons : cela rend plus difficile de discerner le vrai du faux et même si certains achètent en toute connaissance de cause, il arrive que d’autres collectionneurs moins expérimentés achètent des cartes sans se douter qu’il puisse s’agir de contrefaçons. Il est donc nécessaire pour tout le monde de faire la différence entre objets officiels et objets contrefaits et que l’achat de contrefaçons puisse se faire de manière intentionnelle et réfléchie.

En conclusion, l’auteur ne prendra pas parti sur le bien-fondé ou non de ces cartes, chacun étant libre de collectionner comme il le souhaite. L’auteur a lui-même acheté des contrefaçons en sachant à quoi s’attendre et cet article est un moyen pour lui d’exprimer son ressenti à ce sujet.

One thought on “Le poids des contrefaçons”

  1. Article tres sympa à lire . Merci pour ce bon boulot et je suis surpris d’avoir vu mon nom et mes cartes 🙂

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